Gilbert Boyer

L'ange interdit

20 octobre - 30 novembre 1996

"Il s’agit d’une centaine de cadenas gravés accrochés sur les éléments du mobilier urbain destinés à empêcher les piétons de traverser hors des passages dits protégés. La gravure est toujours composée de deux mots disposés sur deux lignes : le mot rien mais barré, rien, et au-dessous un verbe. Le mot "cadenas" provient, d’après le dictionnaire historique de la langue française, de catena qui signifie chaîne en latin. La liste des verbes gravés sur les cadenas compose elle aussi une chaîne. Une chaîne est destinée à empêcher l’accès, comme les barrières ; empêcher l’accès, mais à quoi ?

(...)

Les cadenas que Gilbert Boyer offre aux mains et aux yeux des passants, n’appellent pas la contemplation, comme une icône ; ils invitent à regarder en marchant, en mémorisant, la liste des verbes n’est pas donnée, elle se constitue au fur et à mesure. Et, l’expression “poésie urbaine” qu’utilise l’artiste/auteur est appropriée : l’espace entre les verbes est rythme, et le rythme de la marche se poursuit dans une musique intérieure, en même temps que l’addition des verbes dessine peu à peu un paysage mental."

Denis-Laurent Bouyer