Thierry Verbeke
Stickers, T.Shirts & V.I.P.s
25 novembre - 12 décembre 1999
La première exposition personnelle de Thierry Verbeke qui a eu lieu chez artconnexion propose, en trois volets, un regard sur le va-et-vient constant de l’image entre fiction et réalité, entre la chose publique et l’intime tel qu’il est montré dans la presse dite populaire mais aussi par bien d’autres médias. Voyeurisme, sous-entendus, appels plus ou moins voilés à la délation qui nourrissent la presse à scandales sont traités ici de manière sobre mais explicite.
Sur les murs du couloir sont suspendus des T-shirts arborant la photo imprimée d’une silhouette tracée à la craie blanche sur le sol d’un tunnel ou d’un passage souterrain ; décodage immédiat : il s’est passé là quelque chose de... sanglant. Dans l’espace suivant, scotchées au mur, des photos floues, comme prises au téléobjectif, paraissent avoir saisi les silhouettes de ce qu’il est convenu d’appeler des «vedettes», sinon des «personnalités». L’ensemble peut évoquer un Déjeuner sur l’herbe mitraillé par des paparazzi et traité au laboratoire, à gros grains laiteux ; en urgence.
Dans un angle opposé, un ordinateur édite en continu des petites photos auto-collantes, portraits de mannequins posant pour des photos de mode dont le visage avait été pixellisé et était offert à l’aide d’une «légende adéquate», en pâture à la «vindicte publique». La taille de ces «stickers», que l’on pouvait éditer chez soi en utilisant le site web d’artconnexion, permettait de les coller partout mais surtout hors de l’emplacement qui leur était réservé. L’artiste suggère de renvoyer sur le site les photos des «stickers» que le colleur amateur a mis en situation selon son humeur et son humour.
Cette trilogie (lieux de crime, suspects, coupables) «collant» d’aussi près à la réalité-fiction médiatique créait un malaise vite dissipé par l’aspect ludique de la manipulation plus rudimentaire d’internet. Elle invitait également à réfléchir au statut de l’image, notamment intime, et de sa diffusion-réception dans le domaine public.