Pierre Ardouvin
Killing me softly
1 - 28 octobre 1999
Le dispositif de l’installation réalisée par Pierre Ardouvin chez artconnexion investit le couloir de l’appartement de la rue du Priez. Une cloison de plastique ondulé transparent divise l’espace en deux dans le sens de la longueur, établit ainsi un double système de circulation obligatoire. Le passage trop étroit pour permettre que l’on s’y croise crée un sentiment d’oppression physique et mentale (frôlements, rencontres, fuites).
On peut évoquer ici un appartement collectif dont l’espace commun générerait la claustrophobie en appelant chacun à se réfugier derrière sa porte. Sur les murs du couloir, comme on le fait pour décorer, sont accrochées des images dont la visibilité est rendue trouble par la cloison translucide qui nous en sépare ou qui apparaissent surdimensionnées par rapport à l’espace restreint interdisant le recul. Ces images, sur lesquelles l’artiste est intervenu, représentent des visions très kitsch du bonheur. Cette intervention les réactivent en les parasitant, les rendant ambiguës, inquiétantes, comme contaminées, soulignant combien ces archétypes de la beauté, de la pureté, fleurs, enfants, oiseaux pouvaient devenir dangereux, morbides et en eux portent leur pendant d’angoisse. «Toute image du bonheur contient son contraire».
Les spectateurs sont alors confrontés, non sans humour, à leur propre vulnérabilité à l’image du bonheur. Ardouvin poignarde le ciel bleu avec les racines du palmier et on rit en grinçant des dents.