"Ma résidence de création à Ault s’est déroulée en parallèle de l’invitation qui m’a été faite - via le programme des Nouveaux commanditaires - d’imaginer une œuvre dans l’espace public, destinée à réinscrire le phare maritime communal sur la cartographie de la ville, et dans l’affect des habitants.

Mon temps de résidence a donc d’abord consisté en plusieurs journées (plusieurs nuits devrais-je dire) de marche et de repérages au travers de la ville. D’abord pour en comprendre l’organisation, la topographie, puis pour étudier la façon dont le sémaphore, par son architecture et sa lumière, s’inscrivait dans la vie de la commune, voire dans les rêves de ses habitants assoupis.

Ces premières déambulations ont ensuite été enrichies par de multiples rencontres avec divers membres actifs de la vie communale qui, au travers d’anecdotes personnelles, ont tous exprimé leur vif désir de voir le phare rouvrir ses portes au public et ses environs paysagers restaurés par la municipalité. La question restait de savoir comment une œuvre, pensée sur mon temps de résidence, pourrait rendre visible ce vœu, et l’appuyer concrètement.

Pour affiner ma connaissance du contexte, rendez-vous fut également pris avec les techniciens du département des Phares et Balises (garants de l’équipement), qui à cette occasion rencontrèrent aussi les habitants les plus engagés dans l’entreprise de réhabilitation du site. C’est au cours de cette discussion tripartite que l’idée m’est venue d’intervenir sur l’éclairage public de la commune, via un projet d’installation lumineuse intitulé "Une Parade nuptiale".

Dès lors, la suite de ma résidence fut consacrée à étudier la faisabilité de l’œuvre en question, ceci en concertation avec les habitants, le premier adjoint au maire, les techniciens des Phares et Balises, ainsi qu’un développeur numérique spécifiquement embauché pour étudier la viabilité du projet.

Après six mois de travail entre Lille (où j’habite) et Ault où l’on m’accueillait en résidence, mon temps de présence s’est conclu en mai dernier (avant de se poursuivre en 2023) par une réunion en présence d’un noyau dur d’une dizaine d’aultois particulièrement enthousiastes à l’idée que cette œuvre soit un jour réalisée. La soirée s’est déroulée chez Tatiana Basaroff, habitante d’Onival, chez qui j’ai pu présenter (via une lecture, une présentation technique et le visionnage d’une œuvre vidéo simulant l’installation à venir) l’ensemble de mes recherches, depuis leur origine jusqu’à ce premier aboutissement. Ce fut un moment fort en ce sens qu’il n’est pas courant de pouvoir ainsi déplier en public tout le processus bien souvent occulté d’une démarche artistique."

Gregory Buchert, 2022