Matt Mullican

Parcours

2001 - projet suspendu en 2004

La commande

Depuis 1995, le département de Droit affilié à l’université de Lille II occupe, au cœur du quartier populaire de Moulins, les locaux d’un ancien bâtiment industriel réaménagé. La population des étudiants ne s’intègre que fort peu avec celle du quartier. Par ailleurs, le Jardin Botanique, situé à proximité de cette partie de la ville, tout en en étant séparé du quartier par le périphérique, est peu fréquenté dans la mesure où aucune signalétique précise, n’en mentionne l’existence. Le doyen de la faculté souhaite intégrer pleinement son établissement dans le tissu social et permettre aux différents groupes de population de se rencontrer. En collaboration avec le Foyer de jeunes travailleurs (MAJT) et de l’Atelier populaire d’urbanisme, il désire faire intervenir un artiste pour requalifier et valoriser le tissu urbain et social.

L’œuvre

Pour restructurer et valoriser le tissu urbain, Mullican délimite autant d’aires à requalifier. Des plaques de granit (50 x 50 cm) balisent le trajet de l’université au Jardin Botanique. Leur plan horizontal présente des éléments de signalétique pluriels : universel, emprunté au vocabulaire de l’artiste, ou encore conçu par les riverains eux-mêmes. Situées en hauteur ou au sol, mais toujours en des lieux signifiants, cinq œuvres — néons ou sculptures — renforcent ce premier code visuel. Enfin, dans le Jardin Botanique, une série de bas-reliefs scande un trajet menant face au lycée Baggio, un établissement occupant les locaux de l’ancien Institut Diderot, où une dernière œuvre balise le parcours. Porteuse d’une autre codification visuelle, celle-ci pointe la symbolique relative à la dimension encyclopédique du savoir revendiqué par le célèbre philosophe, cosmogonie rationnelle ainsi ouverte à la subjectivité de l’artiste. Mullican crée un langage de signes porteur de différents registres spatio-temporels à même de sensibiliser la population, et ce, de manière individuelle et collective, au sens des relations entre signifiant et signifié, inhérent à tout système de communication.

L'artiste

Dès ses premières performances réalisées alors qu’il est encore étudiant (California Institute of the Arts, 1971-1974), Mullican s’attache au thème de l’espace public, réel ou fictif. Une longue période s’avère nécessaire pour l’élaboration d’un vocabulaire de pictogrammes et de couleurs véhiculé par différents supports (bannières, affiches, granit, verre, marbre…) qui, depuis le début des années 80 caractérise sa création. Ainsi, quatre cercles identiques et juxtaposés dans un carré désignent les éléments, deux personnages hautement stylisés en face à face sont identifiés comme ange et démon… Peu à peu, Mullican va cartographier sa «cosmologie» en créant de complexes installations où se confrontent différents espaces symboliques au sein d’une temporalité trans-historique.