Bernard Lallemand

Résidence au Japon

2010

« C’était mon premier séjour au Japon et en Asie. C’est un pays que j’aimais déjà avant pour sa culture. Peut-être pour leur mentalité aussi, assez extrême. »

« Je suis parti avec une camera, un appareil photo et un enregistreur de son. Je suis revenu avec beaucoup de matériaux sans savoir ce que j’allais en faire. Pour la restitution de la résidence, je ne voulais pas faire un rendu visuel du genre retour de voyage avec soirée diapos. J’ai fait une performance sonore. Je suis parti en novembre-décembre 2010, et puis en mars 2011, il y a eu la catastrophe, le tsunami de Fukushima. Je ne pouvais pas faire comme si rien ne s’était passé. J’avais lu un texte du journaliste italien Giampaolo Visetti qui a été l’un des premiers sur les lieux de la catastrophe. Il décrit ce qu’il voit. J’ai demandé à une jeune femme de lire le texte que j’ai enregistré. Le texte est mixé en live avec des sons enregistrés pendant la résidence et une musique improvisée par le musicien lillois Christian Vasseur. C’était le premier travail. Un an après, Christian Vasseur m’a rapporté une bande son, qui était vraiment la synthèse du travail que l’on avait fait. J’ai pris tous les rushes vidéo que j’avais, cette espèce de journal de voyage vidéo que j’ai monté en mettant cette bande sonore. Il y a un peu de tout dedans : des passages de la télévision montrant des accidents, des catastrophes, des débats avec Takeshi Kutano, le réalisateur de cinéma. J’ai descendu tout le film au noir. Cela donne un film sombre Japon noir (2012) qui dure 28 minutes que j’ai montré lors d’une soirée à Heure exquise. C’est un peu comme des gravures en manière noire, très dense. De temps en temps, on perçoit des choses. »

Entretien avec Bernard Lallemand à propos de sa résidence au Japon, 2015