Françoise Pétrovitch

Tenir

2011 - 2018

La commande

Le 17 octobre 2011, des membres de différentes associations de Liévin découvrent sur la Place du Trocadéro à Paris, une dalle inaugurée en 1987 par le Père Joseph Wresinski et portant l’inscription : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré.» Des habitants du quartier des Marichelles à Liévin ont exprimé leur souhait de voir un jour l’installation sur leur territoire d’une réplique de cette Dalle du Refus de la misère. Pour mener à bien ce projet, plusieurs associations ont constitué en décembre 2011 un collectif dénommé Comité de la Dalle. Peu à peu, le projet a évolué. Dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France, le collectif a décidé de commander une œuvre contemporaine pour rendre hommage à ceux qui luttent constamment pour améliorer leurs conditions de vie au quotidien. Ils ont également souhaité que cette œuvre puisse être installée dans un lieu symbolique : le parc du Louvre-Lens. Très attachée à la relation du musée avec les publics de proximité, Marie Lavandier, directrice du Louvre-Lens, et son équipe ont accueilli l’idée avec enthousiasme et participé à l’aboutissement du projet.

L’œuvre

En réponse à la commande, Françoise Pétrovitch a proposé de réaliser une sculpture monumentale en bronze, de portée allégorique. Elle représente une jeune femme à mi-corps, serrant contre elle une figure de petite taille, renversée. Son attitude évoque la détermination, la solidarité et la résistance. La sculpture fut dévoilée au public le 17 octobre 2018, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. La vision que Françoise Pétrovitch propose avec cette sculpture ne fait pas le choix de la colère, ni d’une vision misérabiliste cherchant à susciter la pitié. L’artiste rend hommage à la force silencieuse, souvent solitaire, des personnes ayant lutté ou luttant encore contre la misère. Elle rappelle également très simplement, avec le choix d’une scène banale, la réalité quotidienne et permanente de ce combat. Les partis-pris de l’artiste en termes de dimensions, de matériaux et d’assise de la sculpture, positionnée sur un socle, situent sa réponse dans une histoire du monument public dont elle reprend les conventions. Elle offre ainsi aux commanditaires un exemple rare et remarquable de monument citoyen.

L'artiste

Née en 1964 à Chambéry, Françoise Pétrovitch vit à Cachan et enseigne à l’École Estienne, école du design de communication et des arts du livre à Paris. Depuis les années 90, Françoise Pétrovitch façonne une œuvre singulière et forte à travers de nombreux médias : dessin, peinture, sculpture, vidéo, gravure et céramique. Jouant sur les formats et sur une œuvre en constante évolution, Françoise Pétrovitch révèle un monde ambigu, silencieux et souvent inquiétant, se jouant des frontières conventionnelles et outrepassant les catégories temporelles. L’intime et le collectif, le quotidien et l’universel, animaux et êtres humains, enfance et adolescence se mêlent, explorant l’absence, le fragment, la disparition.